L’infidélité au cinéma et à la télévision : le cas d’Infidèle

L’infidélité est un sujet inépuisable au cinéma et à la télévision. De nombreux films et séries l’ont traité sous différents angles, cherchant à comprendre les raisons qui poussent une personne à tromper son ou sa partenaire, ainsi que les conséquences de cet acte sur le couple et la famille. Le thriller érotique Infidèle d’Adrian Lyne, sorti en 2002, ou encore la série française du même nom diffusée sur TF1 en 2018, explorent notamment cette problématique à travers leurs personnages.

Le film Infidèle : une plongée dans les tourments de l’adultère

Réalisé par Adrian Lyne et interprété par Richard Gere, Diane Lane et Olivier Martinez, Infidèle raconte l’histoire de Connie Sumner (Diane Lane), une femme au foyer new-yorkaise apparemment comblée par son mariage avec Edward (Richard Gere) et leur fils. Un jour, elle fait la rencontre de Paul Martel (Olivier Martinez), un séduisant libraire français installé à New York, et entame avec lui une liaison adultère.

Le film suit la progressive détérioration du couple suite à cet écart. Incapable de résister à l’attirance qu’elle éprouve pour Paul en dépit de ses efforts, Connie finit par céder et le rejoint régulièrement dans son appartement pour des rendez-vous intimes. De son côté, Edward commence à se douter de quelque chose en constatant les changements dans le comportement de sa femme. Il finit par engager un détective privé qui lui fournit des preuves de l’infidélité de Connie.

Fou de douleur et de colère, Edward se rend chez Paul et le tue. Connie, qui a entretemps mis un terme à sa liaison, comprend que c’est son mari le meurtrier en retrouvant dans leur maison des affaires de Paul. S’ensuit un face-à-face poignant où Edward avoue avoir voulu la tuer elle, et non Paul. Le film se termine sur une note ambigüe, Edward et Connie prenant la route pour le Mexique, peut-être dans l’espoir de fuir leurs fantômes et de rebâtir leur couple.

Une plongée dans la psyché des personnages

Infidèle se distingue par sa façon de traiter le sujet de l’adultère sans porter de jugement moral sur les personnages. Le film ne cherche pas à désigner un coupable, mais plutôt à comprendre comment deux êtres apparemment sans histoire peuvent sombrer dans la tragédie. C’est avant tout l’exploration de la psyché des protagonistes et de leur quête désespérée de sens qui prime.

On suit ainsi les tourments de Connie, tiraillée entre le confort de son couple et l’exaltation de sa passion interdite. Sa liaison ne semble pas dictée par le manque ou l’ennui, mais par le besoin de combler un certain vide existentiel par des sensations fortes. De son côté, Edward, d’abord présenté comme un mari aimant, révèle des failles insoupçonnées et une part d’ombre qui le pousse au meurtre. Le film remet en cause l’apparente stabilité des personnages pour montrer combien celle-ci est fragile, face aux pulsions refoulées qui menacent de ressurgir.

Une mise en scène esthétisante

Sur le plan formel, Infidèle porte la marque de fabrique sensuelle et stylisée d’Adrian Lyne. Ses choix esthétiques, comme le recours à une photographie très travaillée où dominent les tons froids, confèrent au film une dimension onirique. Les scènes d’amour entre Connie et Paul sont traitées de manière très esthétisante, presque chorégraphiée. Elles contrastent avec la normalité un peu terne du quotidien de Connie, soulignant le caractère transgressif et fantasmatique de sa liaison.

Certains critiques ont reproché à Lyne de trop enjoliver l’adultère, mais on peut aussi considérer que cette dimension presque publicitaire vise paradoxalement à mettre en relief le décalage entre les attentes romantiques des personnages et la réalité bien plus triviale de leur situation.

Film projector, cinema reels

La série Infidèle : l’exploration des non-dits du couple

En 2018, TF1 a diffusé sa propre adaptation du film sous la forme d’une mini-série en 6 épisodes, avec dans les rôles principaux Claire Keim et Jonathan Zaccaï. L’intrigue reprend les grandes lignes de celle du long-métrage, mais propose un traitement différent.

Une intrigue resserrée sur le couple

Ici, l’histoire se concentre presqu’exclusivement sur Emma (Claire Keim) et Mattéo (Jonathan Zaccaï), ainsi que sur l’impact de l’infidélité sur leur couple. Le amant d’Emma a beaucoup moins d’importance que dans le film. L’enjeu est de montrer comment le mensonge et la trahison mettent à mal la confiance et la complicité patiemment tissées pendant des années de vie commune.

La série canarde ainsi avec minutie les étapes de la déliquescence du mariage, alors qu’Emma s’éloigne de Mattéo et que ce dernier commence à se douter de quelque chose. Les non-dits et les tensions sourdes qui s’installent insidieusement entre eux sont mis en avant. Leur communication se délite peu à peu jusqu’à l’explosion finale, lorsque Mattéo apprend la vérité.

Une fin ouverte

Contrairement au film, cette version maintient le suspense jusqu’au bout quant à savoir si Emma et Mattéo parviendront à surmonter l’adultère. Le dernier plan les montre dans un restaurant, chacun avec leur nouveau·elle partenaire, en train de se croiser du regard. Un happy end serait peu crédible après une telle épreuve : la série préfère ainsi conclure de façon ouverte, laissant au téléspectateur le soin d’imaginer la suite.

Ce dénouement ambigu semble dire qu’il ne peut y avoir de conclusion définitive à cette histoire, et que les blessures causées mettront du temps à se refermer, si tant est qu’elles le fassent. En s’abstenant de tout message moral, la série adopte une approche plus nuancée et réaliste qu’un retour à la case départ.

Conclusion

Qu’il s’agisse du film Infidèle ou de la série éponyme, ces deux fictions usent du ressort scénaristique de l’adultère sans verser dans le sensationnalisme ou le voyeurisme. Leur véritable sujet n’est pas l’infidélité en tant que telle, mais bien la façon dont celle-ci met en lumière les failles et les fragilités tapies derrière la façade lisse des couples en apparence sans histoire.

Plutôt que de condamner ou d’excuser, ces œuvres cherchent à sonder les motivations complexes des personnages. Elles rappellent que nul n’est à l’abri d’une pulsion irrépressible qui peut tout faire basculer. Et qu’après la tempête, subsistent souvent des plaies qu’aucun happy end made in Hollywood ne peut refermer d’un coup de baguette magique.